Ligne 17 : Selon Théophile Gautier, Gérard de Nerval "portait l’été des vêtements d’Orléans noir, et l’hiver, un paletot bleu foncé auquel on avait recommandé de ressembler au paletot de tout le monde". Ligne 26 : Roschen, diminutif de Rosa Ligne 30 : Théophile Gautier présente ainsi Hoffmann (Musée des familles, année 1840-1841) :« Hoffmann est populaire en France , plus populaire qu’en Allemagne….Hoffmann ne s’est pas, il faut le dire, présenté en France avec sa redingote allemande toute chamarrée de brandebourgs et galonnée sur toutes les coutures, comme un sauvage d’Outre-Rhin ; avant de mettre le pied dans un salon, il s’est adressé à un tailleur plein de goût, à M.Loeve-Weimar, qui lui a confectionné un frac à la dernière mode avec lequel il s’est présenté dans le monde et s’est fait bien venir des belles dames. Peut-être qu’avec ses habits allemands il eût été consigné à la porte, mais maintenant que la connaissance est faite et que tout le monde sait que c’est un homme aimable et seulement un peu original, il peut reprendre sans danger son costume national». |
[Folio 3]
II faisait très froid à Vienne le jour de la Saint Sylvestre et je me plaisais beaucoup dans le boudoir de la Pandora. Une lettre qu'elle faisait semblant d'écrire n'avançait guères et les délici- euses pattes de mouche de son écriture s'entre melaient follement avec je ne sais quels arpèges mystérieux qu'elle tirait par instant des cordes de sa harpe, dont la crosse disparaissait sous les enlacemens
d'une syrène dorée. Tout à coup elle se jeta à mon col et m'embrassa, en disant avec un fou rire : « Tiens, c'est un petit prêtre ! » il est bien plus amusant que mon baron. J'allai me rajuster à la glace, car mes cheveux chatains se trouvaient tout défrisés, et je rougis d'humiliation en sentant que je n'étais aimé qu'à cause d'un certain petit air ecclésiastique que me donnait mon air timide et mon habit noir. — Pandora, lui dis-je ne plaisantons pas avec l'amour, ni avec la religion car c'est la même chose en vérité. — Mais j'adore les prêtres, dit-elle, laissez-moi mon illusion. — Pan- dora, dis je avec amertume je ne remettrai plus cet ha bit noir, et quand je reviendrai chez vous je por terai mon frac bleu à boutons dorés qui me donne l'air cavalier. — Je ne vous recevrai qu'en habit noir, dit-elle et elle appela sa suivante : « Roschen !... Si monsieur que voilà se présente en habit bleu, vous le mettrez dehors et vous le con- signerez à la porte de l'hôtel. » J'en ai bien assez ajouta t'elle avec [dep, biffé] colère, des attachés d'ambassade en bleu, avec leurs boutons à cou ronnes, et des officiers de sa majesté impériale, et des magyars avec leurs habits de velours et leurs toques à aigrettes. Ce petit là me servira d'abbé. Adieu l'abbé, c'est convenu, vous viendrez me chercher demain en voiture et nous irons en partie fine au Prater... mais vous serez en habit noir ! » |